Livres

Acide Sulfurique Amelie Nothomb

" Vint le moment ou la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle "

Aucune qualification n'était nécessaire pour être arrêté. Les rafles se produisaient n'importe où : on emportait tout le monde, sans dérogation possible. Être humain était le critère unique.

Ce matin-là, Pannonique était partie se promener au Jardin des Plantes. Les organisateurs vinrent et passèrent le parc au peigne fin. La jeune fille se retrouve dans un camion.

C'était avant la première émission : les gens ne savaient pas encore ce qui allait leur arriver. Ils s'indignaient. A la gare, on les entassa dans un wagon à bestiaux. Pannonique vit qu'on les filmait : plusieurs caméras les escortaient qui ne perdaient pas une miette de leur angoisse.

Elle comprit alors que leur révolte non seulement ne servirait à rien, mais serait télégénique. Elle resta donc de marbre pendant le long voyage. Autour d'elle pleuraient des enfants, grondaient des adultes, suffoquaient des vieillards.

On les débarque dans un camp semblable à ceux pas si anciens des déportations nazies, à une notoire exeption près : des caméras de surveillance étaient installées partout.

      

Biographie de la faim - Amelie Nothomb

Il est un archipel océanien qui s'appelle Vanuatu, anciennement Nouvelles-Hébrides, et qui n'a jamais connu le faim. Au large d=de la Nouvelle-Calédonie et des îles Fidji, le Vanuatu a bénéficié pendant des millénaires de deux atouts dont chacun est rare et dont l'alliance est rarissime : l'abondance et l'isolement. Cette dernière vertu, s'agissant d'un archipel, est un peu de l'ordre du pléonasme, certes. Mais on a vu des îles très fréquentées, alors qu'on a jamais vu d'îles aussi peu visitées que les Nouvelles-Hébrides.

C'est une vérité historique étrange : personn,e n,'a jamais eu envie d'aller au Vanuatu. Même la déshéritée de la géographie qu'est par exemple l'île de la Désolation a ses thuriféraires : sa déréliction a quelque chose d'attirant. Celui qui veut souligner sa solitude ou jouer au poète maudit obtiendra le meilleur résultat en disant : << Je reviens de l'île de la Désolation. >> Celui qui revient des Marquises suscitera une réflexion écologique, celui qui revient de Polynésie évoquera Gauguin, etc. Revenir de Vanuatu ne provoque aucune réaction.

C'est d'autant plus bizarre de les Nouvelles-Hébrides sont des îles charmantes. Elles comportent l'attirail océanien ordinaire qui déclenche les rêves : palmiers, plages de sable fin, cocotiers, fleurs, vie facile, etc. On pourrait parodier Vialatte et dire que se sont des îles extrèmement insulaires : pourquoi al magie de l'insularité qui fonctionne avec le moindre rocher émergé ne fonctionne-t-elle pas quand il s'agit de Vaté et ses soeurs ?

Tout se passe comme si le Vanuatu n'intéressait personne.

       

Les Liaisons Dangereuses - Choderlos de Laclos

Lettre Première - Cécile Volanges à Sophie Carnay
Aux Ursulines de ...

Tu vois, ma bonne amie, que je tiens parole, et que les bonnets et les pompons ne prennent pas tout mon temps ; il m´en restera toujours pour toi. J´ai pourtant vu plus de parures dans cette seule journée que dans les quatre ans que nous avons passés ensemble ; et je crois que la superbe Tanville (*) aura plus de chagrin à ma première visite, où je compte bien la demander, qu´elle n´a cru nous en faire toutes les fois qu´elle est venue nous voir in fiocchi. Maman m´a consultée sur tout ; elle me traite beaucoup moins en pensionnaire que par le passé. J´ai une Femme de chambre à moi ; j´ai une chambre et un cabinet dont je dispose, et je t´écris à un Secrétaire très joli, dont on m´a remis la clef, et où je peux renfermer tout ce que je veux. Maman m´a dit que je la verrais tous les jours à son lever ; qu´il suffisait que je fusse coiffée pour dîner, parce que nous serions toujours seules, et qu´alors elle me dirait chaque jour l´heure où je devrais l´aller joindre l´après-midi. Le reste du temps est à ma disposition, et j´ai ma harpe, mon dessin et des livres comme au Couvent ; si ce n´est que la Mère Perpétue n´est pas là pour me gronder, et qu´il ne tiendrait qu´à moi d´être toujours à rien faire : mais comme je n´ai
pas ma Sophie pour causer et pour rire, j´aime autant m´occuper.

Il n´est pas encore cinq heures ; je ne dois aller retrouver Maman qu´à sept : voilà bien du temps, si j´avais quelque chose à te dire ! Mais on ne m´a encore parlé de rien ; et sans les apprêts que je vois faire, et la quantité d´Ouvrières qui viennent toutes pour moi, je croirais qu´on ne songe pas à me marier, et que c´est un radotage de plus de la bonne Joséphine (**). Cependant Maman m´a dit si souvent qu´une Demoiselle devait rester au Couvent jusqu´à ce qu´elle se mariât, que puisqu´elle m´en fait sortir, il faut bien que Joséphine ait raison.

Il vient d´arrêter un carrosse à la porte, et Maman me fait dire de passer chez elle tout de suite. Si c´était le Monsieur ? Je ne suis pas habillée, la main me tremble et le cœur me bat. J´ai demandé à la Femme de chambre, si elle savait qui était chez ma mère : « Vraiment, m´a-t-elle dit, c´est
M. C*. » Et elle riait. Oh ! je crois que c´est lui. Je reviendrai sûrement te raconter ce qui se sera passé. Voilà toujours son nom. Il ne
faut pas se faire attendre. Adieu, jusqu´à un petit moment.

Comme tu vas te moquer de la pauvre Cécile ! Oh ! j´ai été bien honteuse ! Mais tu y aurais été attrapée comme moi. En entrant chez Maman, j´ai vu
un Monsieur en noir, debout auprès d´elle. Je l´ai salué du mieux que j´ai pu, et suis restée sans pouvoir bouger de ma place. Tu juges combien je
l´examinais ! « Madame » , a-t-il dit à ma mère, en me saluant, « voilà une charmante Demoiselle, et je sens mieux que jamais le prix de vos
bontés. » À ce propos si positif, il m´a pris un tremblement tel, que je ne pouvais me soutenir ; j´ai trouvé un fauteuil, et je m´y suis assise, bien rouge et bien déconcertée. J´y étais à peine, que voilà cet homme à mes genoux. Ta pauvre Cécile alors a perdu la tête ; j´étais, comme a dit Maman, tout effarouchée. Je me suis levée en jetant un cri perçant, ... tiens, comme ce jour du tonnerre. Maman est partie d´un éclat de rire, en me disant : « Eh bien ! qu´avez-vous ? Asseyez-vous et donnez votre pied à Monsieur. » En effet, ma chère amie, le Monsieur était un Cordonnier. Je ne peux te rendre combien j´ai été honteuse : par bonheur il n´y avait que Maman. Je crois que, quand je serai mariée, je ne me servirai plus de ce Cordonnier-là. Conviens que nous voilà bien savantes ! Adieu. Il est près de six heures, et ma Femme de chambre dit qu´il faut que je m´habille. Adieu, ma chère Sophie ; je t´aime comme si j´étais encore au Couvent.

P.S : Je ne sais par qui envoyer ma Lettre : ainsi j´attendrai que Joséphine vienne.

Paris, ce 3 août 17**

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(*) Pensionnaire du même Couvent

(**) Tourière du Couvent

         

La Révolte des Coloriés Sans Adultes Tome I - Alexandre Jardin

Le 18 janvier 1980, Ari Chance quitta sa maison plus tôt que d'habitude pour se rendre à l'école de son île. Il en avait gros sur le coeur et n'était pas vraiment d'humeur à rigoler. Le 18 janvier, c'était la date de son anniversaire; mais personne ce matin-là, n'avait même songé à lui souhaiter ses dix ans. Comme tous les jours, son père obèse et blond avait embrassé les chiens de la famille mais pas lui. M. Chance était si gros qu'il paraissait vouloir montrer jusqu'ou la peau humaine peut se déformer en s'étirant. Ses lèvres excessives et molles s'étaient posées sur la truffe tiède des bêtes en négligeant volontairement les joues fraiches d'Ari. M. Chance ignorait totalement depuis sa naissance le gamin roux et ne prononçait le prénom d'Ari qu'avec dégoût, comme s'il avait avalé un fruit ignoble. Sa mère s'était montrée venimeuse à l'égard d'Ari dès qu'elle était entrée dans la cuisine pour préparer le petit déjeuner. L'oeil perçant, embusqué sous des arcades sourcilières de guenon, Mme Chance avait rajusté sa perruque en postillonant :

- Ari, tu seras gentil de sortir les ordures et de nettoyer ensuite les toilettes, ça c'est pour ton plaisir, mon petit chéri ! Ensuite, je te punirai ... pour mon plaisir. Chacun son tour !

Cette sortie sadique avait paru l'enchanter

Chaque fois que sa mère blessait Ari gratuitement, elle gloussait avec satisfaction; comme si faire de mal à son fils lui avait procuré une joie particulière, presque un bien-être. Pour son plus grand malheur, Ari persistait à espérer de cette femme insensible un mouvement endre, un geste maternel qui ne venait jamais.

- Je sais que je suis loin d'être parfait, maios qu'est-ce que j'ai encore fait ? avait plaisanté Ari

- Encore ...., avait elle repris à la volée. Tu reconnais donc que tu commets des fautes à répétition. Tes mots te trahissent petit idiot !

- Quest-ce que j'ai fait ? avait rectifié Ari en se raidissant.

- Des bêtises que tu m'as certainement cachées avait-elle répondu en disposant trosi couverts ( Mme Chance oubliait toujours la place d'Ari.) Vicieux comme tu es !

-Quoi, par exemple ? avait demandé l'endant en allant chercher son bol et sa cuillère.

- Je te punirai de m'avoir caché ce que j'ignore encore. Et souris un peu, au lieu de faire tout le temps cete tête d'animal battu. Prends exemple sur ton frère abruti !

Ari avait encaissé cette phrase rituelle. Depuis toujours, sa mère lui préférait ouvertement Casimir, son grand frère blond qui le raillait sans cesse. A Noël, Casimir avait droit à de rutilants soldats de plomb ou a des jouets de prix; tandis qu'Ari devait se contenter des emballages en carton devant lesquels il rêvait. Ari n'avait jamais porté que les vêtements usés de son aîné, avait toujours été servi à table après lui ( le blanc de poulet échappait à Ari tous les dimances ) et ne mangeait du dessert que lorsque Casimir consentait à lui el naisser quelques miettes. Quand M. et Mme Chance sortaient le soir, ils oubliaient systématiquement Ari alors que Casimir, exhibé avec fierté, paradait dans toutes les fêtes.

          

La Loi Du Plus Beau - Christophe Lambert

Mais non, mesdames et messieurs, nous ne cherchons pas à encourager la discrimination. Nous vollons juste mettre fin à une hypocrisie générale. Oui, on préfère voir de jolies hôtesses derrière les guichets d'accueil, et alors ? Où est le mal ? On préfère aussi voir des gents intelligents dans les labos de physique expérimentale, c'est logique. Chacun sa place. L'échelle d'Apollon ne sera rien de plus qu'un baromètre officiel, et les chefs d'entreprises resteront libres de ne pas en tenir compte s'ils le désirent.

Extrait du discours du Premier Ministre à l'Assemblée nationale, le 4 août 2021

Le secrétariant d'Etat à l'Esthétque à établi la classification suivante, appelée " échelle d'Apollon " :

Chaque citoyen sera soumis à ce classement. La décision de la commision du SEE est souveraine. Aucun appel n'est autorisé. Une révision du classement aura lieu tous les deux ans.

Extrait du Journal officiel du 21 janvier 2022

TEST

Toi aussi, ami(e) lecteur ( lectrice ) calcule ton classement sur l'échelle d'Apollon

( extrait du magazine Glamourama du 7 avril 2023 )

Sur quels critères la commision du SEE note-t-elle les citoyens ? Qui ne s'est jamais posé la question ? La réponse, nous l'avons trouvée sous la forme d'un document officiel intercepté par l'un de nos reporters ; infiltré dans les arcanes de l'administration. Vous pouvez maintenant, chez vous, vous amuser à tester votre beauté et celle de votre famille grâce à ce document EXCLUSIF ! Merci qui ? MERCI GLAMOURAMA !

Les cheveux

Les Yeux

Le Nez

La bouche

Les dents

Le menton

Le teint

Les seins ( pour filles et andros )

Les fesses

La taille

Pour les filles

Pour les garçons

Le poids

Pour les garçons

Le poids idéal est défini par l'équation ( taille exprimée en centimètres -100 ) - 5 de 5 à 10 kg Exemple : le poids idéal d'un garçon de 1,75m est compris entre 65 et 70 kg

Pour les filles

Le poids idéal est défini par l'équation : ( taille exprimée en centimètres - 100 ) - 10 à 15 kg Exemple : le poids idéal d'une fille de 1,70m est compris entre 55kg et 60kg

Bonus spécial Muscu

Résultats du test